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L’électricité propre n’existe pas
Ah la fée électricité, qui éclaire nos logements et fait ronronner nos machines à laver. Rien de magique dans tout cela pourtant, mais des centrales de production, des lignes à haute tension, des transformateurs, bref un réseau électrique complet. En France, le débat sur l’électricité a été confisqué pendant des années par l’industrie nucléaire. Depuis quelques années, le succès des énergies renouvelables rebat les cartes, et remet la sobriété au cœur des discussions.
Une électricité peu carbonéeLe “mix électrique”, ça vous dit quelque chose ? C’est la part de chaque source d’énergie dans la production d’électricité d’un territoire. La France est le pays le plus nucléarisé du monde : cette énergie représente environ 70% de notre “mix”. Les énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolien, bioénergies) environ 20%, et les énergies fossiles (charbon, fioul et surtout gaz) moins de 10%. Par rapport à la majorité de nos voisins européens, ce mix émet peu de CO2 : on dit qu’il est “faiblement carboné”. Le cœur du débat porte donc sur la part respective des énergies renouvelables et du nucléaire dans un mix “idéal”. D’autant que les centrales nucléaires françaises, mises en service dans les années 1980, arrivent en fin de vie. Alors faut-il remplacer toute leur capacité de production ? Par quelles sources d’énergie ? Nucléaire, mix amerDepuis sa création, Greenpeace alerte sur les dangers de l’énergie nucléaire, qu’elle soit utilisée à des fins civiles ou militaires (souvenez-vous de l’attentat du Rainbow Warrior par la DGSE, alors que nous dénoncions les essais nucléaires français en Polynésie). L’histoire ne nous a pas donné tort : deux accidents majeurs se sont produits, à Tchernobyl en 1986 et à Fukushima en 2011. La France a frôlé la catastrophe à 3 reprises, à Saint-Laurent-des-Eaux en 1969 et 1980, et au Blayais en 1999 suite aux tempêtes de fin d’année. Si les nouveaux réacteurs (dits “EPR”) réduisent le risque d’accident, ils sont loin d’être parfaits. Le chantier de l’EPR de Flamanville a déjà pris 11 ans de retard et coûté 19 milliards d’euros (6 fois plus que son coût initial) à la collectivité. Nous n’avons toujours pas de solution satisfaisante pour stocker les déchets nucléaires, dont la radioactivité peut durer des dizaines de milliers d’années. Et le dérèglement climatique laisse planer de nouvelles menaces : pénurie en eau pour refroidir les centrales nucléaires, intensification des catastrophes climatiques… Bref, à nos yeux, le nucléaire fait peser des risques dont on se passerait volontiers. 1,2,3 soleilOn appelle “énergies renouvelables” les sources d’énergie inépuisables : le soleil, le vent, les rivières, etc. Elles existent en quantité illimitée et permettent de produire localement, au niveau de l’habitation (chauffe-eau ou panneau solaire, puits provençal, etc.) ou d’un territoire (éoliennes en mer ou sur terre, biogaz, etc). Elles invitent les citoyen·nes à se réapproprier le sujet complexe de l’énergie : c’est toute la philosophie du mouvement “Energie Partagée” (je vous conseille leur excellente bande-dessinée !). Attention, les énergies renouvelables ne sont pas miraculeuses non plus. Elles ont un coût écologique : pour construire un panneau solaire, une éolienne ou une batterie, il faut extraire des ressources qui, elles, ne sont pas illimitées. Elles sont également variables et prévisibles (la nuit, le soleil ne brille pas), ce qui demande un pilotage fin du réseau électrique, des techniques de stockage, et une baisse de la consommation. C’est particulièrement vrai en hiver lorsque nous sommes beaucoup à chauffer nos logements... S’il y a une solution miracle, elle est bien là : la sobriété énergétique. Réussir collectivement à consommer (beaucoup) moins d’énergie, en isolant les logements notamment. Et, en parallèle, développer les énergies renouvelables au plus près des territoires. À votre échelle, vous pouvez encourager ce mouvement en optant pour un fournisseur 100% renouvelables (grâce au label “VertVolt” de l’ADEME) ou en rejoignant le mouvement “Energie Partagée”, qui développe des projets renouvelables partout en France.
Vous l’aurez compris, changer de fournisseur n’est pas suffisant. Vous pouvez aussi économiser l’énergie à la maison, en contrôlant la température des pièces et en adoptant des réflexes économes. L’Agence de l’environnement et de la Maîtrise de l’énergie (ADEME) a listé 20 actions pour réduire sa facture d’électricité. |
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